Rêve

Gedicht zum Thema Philosophie

von  Roger-Bôtan

Ayant connu ici-bas la misère
et le bonheur, chanceux et malchanceux,
à cinquante ans j’abandonnai la terre
et me trouvai en un lieu silencieux.
L’homme en ce lieu traînait son existence
par habitude ou ce qu’il en restait,
sans sobriquets, surnoms ni nom, et sans se
soucier de rien ni plus rien convoiter.
Participant à des rites étranges,
parmi des gens qui me dévisageaient,
je m’allongeais sur de fumantes branches,
me relevais et m’y réallongeais.
Je planais mou, impassible, adiaphore,
de ma main veule écartant, insoucieux,
la lueur floue qui parvenait encore
depuis la terre invisible à mes yeux.

Autour de moi je voyais quelques masses,
l’embrouillement de certains matériaux,
et au-dessus de gouffres et de chasmes
des ponts fixés à des poteaux très hauts.
Je me souviens de poutres et de planches,
de connexions et de convexités,
d’un filandreux et sauvage mélange
de formes qui dans l’espace flottaient.

Rien n’évoquait ni finesse artistique
ni perfections dans ce lieu mystérieux ;
les gens là-bas ignoraient la fatigue,
étant toujours actifs et laborieux.
Nulle contrainte et nulle virulence
ne provenait de leurs autorités,
aussi faisais-je, apathique, indolent, ce
qu’il fallait faire, avec légèreté.
Je n’éprouvais aucune répugnance
à n’avoir point ni à avoir envie
de prolonger l’interminable errance
pour tant soit peu de sens et de profit.
Il y avait là à mes côtés un môme
qui papotait de moult futilités,
et qui, étant semblable à un fantôme,
était pétri de matérialité.
Il a lancé sa ligne au fond d’un lac,
et ce faisant a repoussé, rêveur,
je ne sais quoi de terrestre et de vague
qui fut venu d’en bas par quelque erreur.



Anmerkung von Roger-Bôtan:

D'après N. Zabolotsky.

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